DE HENRI III. [l587]                        335
écueil des moines, qu'elles l'alloient voir, ct lui firent presens de si bonnes confitures qu'il y prit apetit, ce disoit-on.
Le mardy ai juillet, le cardinal de Bourbon, abbé de Saint-Germain des Prez, fit faire une solemnelle procession, à laquelle il fit marcher tous les enfans, fils et filles du fauxbourg Saint-Germain, pour la pluspart vestus de blanc, et pieds nuds : portans les garçons un chapeau de fleurs; et tous, tant masles que femelles, un cierge de cire blanche ardant en la main. Les ca­pucins, augustins, les pénitens blancs, les prêtres de Saint - Sulpice et les religieux de Saint-Germain por toient les reliques, et y avoit une musique très-harmo­nieuse : même y étoient portées les sept chasses de saint Germain par des hommes nuds en chemises, as­sistés d'autres qui portoient des (lambeaux. A icelle, le Roy assista en habit de pénitent blanc, marchant en la troupe des autres; et les cardinaux de Bourbon et de Vendosme en leurs habits rouges, suivis d'une grande multitude dc peuple [de l'un et l'autre sexe.] Le Roy, à son disner, loua cette procession, et dit [qu'il n'en avoit vû de long-temps une mieux ordonnée, ni plus dévote que celle-là; et] que son cousin le cardinal y avoit hon­neur. [A quoy chacun, qui étoit près de lui, va ré­pondre que c'étoit la dévotion même que M. le cardinal.] « Ouy, dit le Roy, c'est un bon homme; je desirerois « que tous les catholiques de mon royaume lui ressem-« blassent : nous ne serions en peine de monter à cheval « pour combattre les reistres. »
Le mercredy aa juillet, aux halles de Paris, le peuple se mutina contre les boulengers, vendans leurs pains trop cher à son gré; et ravit leurs pains. Deux bour-
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